Dans la nuit du 21 au 22 février 2023, le bâtiment sur la dune de Messanges qui abritait le bar restaurant, les clubs de surf et de sauvetage côtier disparaissait dans un incendie.

Un premier projet provisoire, en containers et canisses, conçu et édifié dans l’urgence permettait d’assurer la saison 2023. Dans le même temps, nous travaillions à la reconstruction « à l’identique » du nouveau bâtiment  qui serait livré pour l’été 2024.

Cette  reconstruction « à l’identique » exigée par les services de protection du patrimoine comme par l’assureur  en charge du sinistre constituait une contrainte majeure. Elle a aussi permis de  concentrer notre travail sur  la mise en place de dispositions constructives innovantes.

Situé au sommet de la dune de sable,  milieux  fragile s’il est, notre premier souci fut de remplacer les fondations  traditionnelles en béton par des pieux métalliques vissés qui furent d’abord employés pour le bâtiment provisoire puis réemployés par le bâtiment définitif.  Ce dispositif  qui permet de reprendre jusqu’à 15 tonnes par pieux  est  à la fois compétitif et particulièrement peu impactant pour l’environnement. Le vide sanitaire, libéré des réseaux fixés sous structure du plancher, permet aussi l’accueil des lapins de garenne et de la petite faune présente sur le site.

D’autre part, parce que  la dune est directement menacée par le recul du trait de côte, le bâtiment se devait d’être déplaçable. L’étude de plusieurs scénarios nous a fait préférer le démontage, au déplacement du volume bâti, plus onéreux. Pour être démontée  et parce que située en atmosphère marine, la structure a été légèrement surdimensionnée afin de remplacer au maximum les platines acier par des assemblages bois. Ce principe a permis la mise en œuvre d’une structure arborescente  dérivée  d’une charpente traditionnelle qui a nécessité un important travail de modélisation des assemblages.  La chaîne numérique reliant les conceptions d’architecture et d’ingénierie  à  la taille et finalement au montage a été sur ce projet pleinement mobilisée pour atteindre un haut niveau de finition.

Le bâtiment inscrit enfin sa silhouette dans la lignée des grandes maisons qui, depuis un peu plus d’un siècle, ponctuent les dunes des landes, de Mimizan à Vieux-boucau. Ces toitures sont habituellement couvertes de tuiles mécaniques, dispositif faussement économique, mis à mal chaque année par les tempêtes hivernales. Afin de minimiser l’entretien de la toiture, la couverture est ici constituée d’un liner d’étanchéité posé sur panneaux bois, protégé des vents de sable et du rayonnement ultra-violet par un bardage bois « à la suédoises »,  à mi-bois de recouvrement.  Cette écriture architecturale, « tout-bois » homogénéise l’enveloppe bâtie et permet l’installation intégrée de différents nichoirs accueillants les moineaux et les passereaux du littoral. Sous l’effet du soleil des embruns et du sable le bâtiment va griser de façon homogène pour s’apparenter aux bois flottés de la laisse de mer.

Ces trois  dispositifs caractérisent  une contemporanéité d’écriture architecturale qui  se lit d’autant plus facilement que le volume architectural apparaît inchangé, restitué dans son  intégrité historique. La contrainte initiale de la reconstruction « à l’identique » impose une continuité du volume dans le temps qui  nous rappelle la tradition japonaise des pavillons de thé. Elle s’en écarte toutefois en se révélant ici un atout qui a facilité l’accueil par la maîtrise d’ouvrage comme par le public d’innovations constructives lisibles. Rien ne change ? Pourtant tout change ! C’est bien le rôle de l’architecture de donner à lire les mutations de son époque.

Mairoe de Messanges

2024

140m²

340 000 €HT